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 Derrière ce silence.

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Valciphie
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Valciphie


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Date d'inscription : 04/09/2010

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MessageSujet: Derrière ce silence.   Derrière ce silence. EmptySam 8 Jan - 19:41

Un texte que j'ai écris il y a longtemps puisque c'était l'année dernière. Je vous laisse découvrir celui-ci.
ps : Nastu, j'ai repris les corrections que tu m'avais faite sur la Toile. Derrière ce silence. 173240


La maison de mon enfance était la plus belle du village. Sous mon regard de petit garçon sage, pour moi c'était la meilleure. Elle était blanche, des grands rosiers montaient le long des murs jusqu'aux volets qui avait cette couleur bleu magnifique. La porte était en bois. Un bois clair qui s'accordait bien avec le bleu des volets. L'entrée était digne de porter le nom d'entrée. Après un portail en bois, une petite avancée de galet gris continuait jusqu'au garage. L'herbe du jardin était verte, comme la couleur d'une prairie. Ma mère faisait beaucoup de jardinage et rendait son terrain divin. Quelques fleurs jaunes, roses, rouges, bleus, vertes poussaient. On avait au fond du jardin, un grand saule pleureur. Papa avait fait installer un banc en dessous et il coupait régulièrement les branches pour que Maman s'y installe et puisse lire, se reposer, ou tricoter tranquillement. Il la regardait amoureusement tandis que lui s'installait sur la terrasse avec son thé et son livre. Moi, je jouais à la balançoire. Tout seul.

J'ai toujours été fils unique. Ma mère avait subi des complications à ma naissance. Des complications qui l'avait empêché d'avoir un autre enfant à l'époque. Mon père avait mal réagi à cette annonce, dans un premier temps. Puis, voyant ma mère dépitée, culpabilisant de savoir que je serais seul, il s'était replié sur lui-même acceptant quand même tant bien que mal le fait qu'il n'aurait qu'un fils. Je pense qu'il était heureux de me voir. Mais je pense aussi qu'il était triste que je n'eus pas été une fille aussi. Je le voyais dans son regard. Son regard, identique au mien. Je lisais une tristesse infinie, une déception qui ne faisait que grandir. Mais il se taisait et se terrait. Surement pour ne pas blesser ma mère, fragile depuis ma naissance. Elle aussi se repliait sur elle-même, allant jusqu'à ignorer mon père. Je ne comprenais pas leur attitude. J'avais cette impression d'être là sans l'être. Étais-je la raison ? Au fil des années, je me suis rendu compte que oui. Plus les mois, les années passés, plus la complicité de mes parents s'éloignait. Je m'en voulais, je suis allé parler à ma mère. Elle me fuyait, elle nous fuyait; moi et mon affreux père, disait-elle.

  • « Maman, pourquoi ? Soupirais-je, devant l'horrible mine qu'affichait Maman.
  • Vas-t-en, fils ! Me rétorquait-elle, froidement en me jetant de la cuisine. »


Pourquoi me rejetait-elle ? Alors que nous avions été une famille unie. J'avais peur. Je questionnais Papa. Il me rejetait, lui aussi. J'étais condamné à rester sur ma balançoire en assistant au déchirement de ma famille. Je pleurais en silence le soir. Serrant mon oreiller si fort que mes jointures en devenaient blanches. Mes yeux rougis le matin au réveil n'attiraient l'attention de personne. J'avais onze ans. Et j'étais incapable de faire quelque chose pour les gens que j'aimais mais qui ne m'accordait aucune importance. J'avais mal au fond de moi, mon petit cœur d'enfant de onze ans en palissait douloureusement et je ne savais que faire. Alors, je me suis tu. Petit enfant au cœur déçu. J'ai continué à vivre, vous savez. Dans ma vie simple, je n'étais qu'un petit garçon et j'allais tous les matins à l'école du village. C'est en rentrant un soir, quelques mois avaient passé, je n'ai pas croisé mon père, qui d'ordinaire en cette saison serait sur la terrasse avec un thé et son éternel journal. J'étais très surpris. J'étais habitué au quotidien de cette maison, à ses habitudes. Néanmoins, ma mère était sous son sol avec son tricot. Les yeux vides. J'ai couru vers elle et je me suis planté devant elle, des larmes perlaient au coin de mes yeux, je crois.

  • « Bonjour Maman, où est Papa ? Ais-je eu le malheur de demander, inquiet. »


Aucune réponse, elle a relevé la tête doucement. J'ai vu l'horreur. Une expression terrible. Un immense chagrin dans ses yeux bleus, une profonde tristesse avait vieilli ses traits autrefois si fins et beaux. Sa bouche s'est articulé en une grimace et ses sourcils se sont froncés méchamment. Puis, j'ai lu de la haine, du dégout. Pour moi ? Maman... Qu'avais-je fait, si j'avais fait quelque chose ? Je me suis mis à pleurer. En silence, pour ne pas qu'elle m'entende. Elle voyait simplement mes larmes couler tel un ruisseau dans la montagne sur mes joues. J'étais infiniment triste. Ne le remarquait-elle pas ? Lorsqu'elle m'avait montré ce sentiment dont le souvenir hanterait toujours mes pensées, je m'étais enfuis dans ma chambre. Seul refuge où je pouvais me laisser aller à une souffrance sans nom. Mon père était parti, je l'avais compris. Ce soir-là, je n'ai pas mangé. Elle ne m'appela pas. Elle ne me parla pas. Je m'enfouis sous ma couette et m'enfermais dans un mutisme absolu. Ce soir-là, Maman créa une barrière sans limite entre elle et moi. Un fossé. Une crevasse qui dura, dura et dura jusqu'à ce que je la laisse...

Aujourd'hui, alors que j'écris sur un feuille vierge quelques bribes de souvenir dont ma mémoire n'a pas fait défaut, j'ai peur d'être encore atteint par l'indifférence de ma mère. Mais à présent, je sais tout. Mon père eut l'occasion de le savoir plus tôt que moi, je le trouvais un jour à sa place dans la maison. Je ne vis pas Maman sous son saule. D'abord, je pensais qu'elle était partie se balader et allais m'asseoir en face de Papa qui n'avait aucune expression sur le visage. Pourtant, quelque chose clochait dans les habitudes de cette maison. Les volets étaient tous clos, la poussière devenait propriétaire des lieux et enfin, les fleurs n'étaient pas taillées et l'herbe devenait folle. Que se passait-il ici ? Ma seconde hypothèse fut qu'elle déménagea. Pourtant, aucune autre adresse était au nom de Kinsley. Mon père m'examinait, aucun sourire ne berçait son visage blanc. Seul la lueur d'une souffrance inconnu trahissait son regard. Regard qui se différenciait du mien à présent. Il avait vieilli, je ne l'avais pas vu depuis des années. Depuis son départ. J'avais envie de poser des questions, pleins de questions. Mais il n'y en a qu'une qui est sortie prématurément. La plus importante. Celle dont la réponse trottinait habillement dans ma tête et dont je cachais l'identité.

  • « Elle est morte la semaine passée d'une leucémie en phase terminale »


Ainsi donc, elle nous l'avait caché... Pour nous protéger ? Que voulait-elle ? Je ne le sus que tard. Je compris qu'elle avait toujours voulu qu'on la déteste pour ne pas souffrir de sa mort. Malheureusement, nous souffrions plus de son silence et de sa perte. Je revois son visage souriant, ses longs cheveux qui volaient au vent et son regard qui couvait les deux hommes de sa vie... Je la revois mais j'ai fait mon deuil. Mon père aussi. Il l'a fait et il est parti en ayant pardonné.

C'est ainsi que, des années plus tard, je reviens sur ma terre natale. La terre où j'ai grandis et fuis. Devant cette maison qui était la plus belle du village. Je pousse la porte, elle n'est pas fermée à clé. Elle grince. La maison sent le renfermé, une odeur que je n'ai connu qu'une fois; elle sent le vieux, l'usure et la poussière. Je me délecte de ces senteurs et avance jusqu'à la cuisine. Des toiles d'araignées tapissent les murs, les coins. Un sourire naît sur mon visage. Pour la première fois depuis trente ans, au moins. Je continue mon chemin, je parcoure toutes les pièces jusqu'à la dernière : ma chambre. Mon lit grince lorsque je m'assois. Je m'allonge doucement, mes yeux se ferment. Je suis bien. J'entends un klaxon qui résonne depuis l'allée.


Je ne me relèverais pas.
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